Un mariage à la campagne
Le mariage est, avec la naissance des enfants, l'événement le plus important de la vie des montagnardes.
La fête commence deux jours avant la cérémonie elle-même. Les familles des mariés se rendent les unes chez les autres pour d'interminables repas. Rassemblés dans une pièce, les hommes mangent en jouant de la musique : tambours (bendir), flûtes (awada) et petites guitares (rebab ou guembri) accompagnent les chants. Leur sonorité est si violente que la maison semble devoir exploser.
À la cuisine, les femmes préparent des plats traditionnels. Le plus fameux est le tajine, un plat de viande mijoté longuement avec quelques légumes et souvent un fruit séché qui lui donne son nom : tajine aux pruneaux, aux amandes, au citron. Les femmes font ensuite circuler sur de grands plateaux des piles de gâteaux aux amandes et aux noix.
Le soir de la cérémonie, les hommes se retrouvent dans la maison du marié, les femmes dans celle de la mariée. La fête commence vraiment. [...]
Les deux époux ne se retrouvent que le lendemain, lorsque les hommes viennent enlever la mariée sur une mule pour l'emmener au grand galop vers la maison du marié. La mariée y est accueillie avec le verre de lait qui symbolise le bonheur conjugal et la fécondité.
Mais Anissa sait que Rkia n'entrera véritablement dans sa nouvelle vie que le lendemain matin de son mariage. Les femmes entourant Rkia quitteront alors discrètement la maison, emportant avec elles la plus belle cruche de la cuisine. Elles iront jusqu'à la source du village où Rkia remplira d'eau sa poterie. En goûtant à l'eau de cette source, Rkia montrera qu'elle appartient désormais à ce village.
Claire VEILLÈRES et Sophie DUFFET,
Leila, Réda et Anissa vivent au Maroc,
© Éditions de La Martinière Jeunesse, 2009.